L'oeuvre romanesque d'Amos Oz pose l'identité juive dans son rapport
à la dispersion et au séjour, à l'exil et à la terre. Elle appelle un
ailleurs de l'utopie sioniste, bien que la modernité sioniste soit l'inéluctable
manière d'être dans le monde de l'identité juive.
La lecture narratologique et herméneutique des romans révèle les
relations entre problématique identitaire et expériences du temps dans la
culture sioniste. L'écriture romanesque se dégage du récit utopique,
appréhende le temps comme continuité et changement, isole le sujet du
corps collectif, médite l'altérité à l'oeuvre dans la reconnaissance de soi.
L'échappée hors de la temporalité utopique retrouve une histoire peu
porteuse d'espérance et incite à la contemplation du tragique ou à la
recherche d'un sens de l'existence individuelle et collective.
Ainsi, le militant fait le choix de l'histoire, récuse le nihilisme de la
post-modernité, opère un retour critique à la philosophie des Lumières,
opte pour le droit et la patience contre la violence et la précipitation utopique.
Ne séparant pas le questionnement politique du questionnement
éthique, il défend la tradition juive de l'apprentissage de la liberté et de
la responsabilité et lui demande de dialoguer avec l'humanisme européen.
Ce dialogue éclaire son militantisme pour la Paix. La centralité de
la parole de paix est invitation à écouter le propos direct de l'autre, à
avoir le courage, éloigné de la suffisance, d'assumer la fragilité de la
condition historique.
Auteur
Claparede-albernhe Brigitte
Date de parution
21/3/2005