Moissac. Tarn-et-Garonne. Sur le quai du Port, face au pont
Napoléon, s'élève une grande bâtisse aux épais volets de bois.
Aujourd'hui, quel promeneur sait que des enfants juifs - près de
cinq cents - y furent accueillis pendant la guerre ? Qui se souvient
que tous furent sauvés, que tous échappèrent à la déportation ?
En 1941, Moyshe, Henri, Sarah et les autres avaient deux ans, dix
ans, dix-huit ans, ils étaient français, polonais, allemands...
Certains venaient d'être arrachés des camps d'internement du sud
de la France, d'autres avaient été envoyés là par leur famille en
détresse. Beaucoup ne parlaient pas le français. Ils avaient tout
perdu, ou presque. Et, sur leur chemin, il y eut la Maison de Moissac.
Un refuge ouvert par les Éclaireurs israélites de France en décembre
1939, et dirigé par un couple hors du commun, Shatta et Bouli
Simon, assistés de chefs scouts qui n'avaient pas vingt ans.
Pendant quatre ans, alors que l'antisémitisme devient politique
d'État, alors que la terreur nazie étend son empire, un mot d'ordre
soude cette communauté : vivre ! Pour les enfants brisés qui arrivent
là, cela veut dire étudier, jouer, chanter, danser, célébrer les fêtes
juives et le Shabbat... Vivre et rester juif, coûte que coûte.
Auteur
Lewertowski Catherin
Illustration
illustrations en noir et blanc
Date de parution
26/9/2003