Entre la mémoire du passé et l'apparition toujours renouvelée du présent,
quelle place occupe la victime dans l'imaginaire social contemporain ? Comment
est-elle traitée dans le discours et les pratiques juridiques ? Dans quelle mesure,
un destin victimaire partagé collectivement transforme ou fait émerger des
constructions identitaires singulières ?
Au-delà des réponses à ces questions, les analyses réunies dans ce volume
montrent que la sociologie des victimes ne peut faire l'économie d'une
réflexion sur la définition du concept et sur son statut épistémologique. Elles
sont complétées par une vision anthropologique des manières de vivre la victimisation
par des groupes d'immigrés illégaux, de déracinés, par des individus
et des communautés brisées par les multiples formes de la violence, y compris
celle de la misère. Trouvant son point d'ancrage dans l'analyse des expériences
victimaires, la sociologie révèle ainsi sa capacité à rendre intelligible un vaste
processus de production de discours et de négociation sociale et symbolique,
qui statuent sur la légitimité de la violence, sur la posture de la victime
«digne» de se voir reconnaître sa souffrance et avoir droit à réparation.
La sociologie des victimes montre sa pertinence là où les sociologues
interrogent l'avènement du sujet moderne dans un monde incertain de ses
valeurs, monde déchiré par des forces contradictoires. Les auteurs montrent,
comment, sans quitter le champ archaïque du sacré, la présence des victimes
participe à la recomposition du droit et de l'action sociale, fait naître de nouveaux
rites et participe à la construction de nouvelles utopies sociales qui, se
déploient dans des champs religieux réinventés.
La question de la victime est traitée ici de manière pluridisciplinaire, réflexive et
empirique, dans un contexte global et plus particulièrement latino-américain.
Auteur
Bogalska-martin Ewa
Date de parution
13/12/2004