Qu'en est-il de l'autorité dans un monde où l'arrachement à
la tradition et au passé a pris valeur de mot d'ordre ? Que
devient l'autorité lorsqu'elle se trouve confrontée à l'individualisme
et à l'égalisation démocratique et que de surcroît le
futur - comme c'est le cas aujourd'hui - se dérobe à toute
espérance ?
L'autorité ne se confond pas avec le pouvoir. Elle appelle la
reconnaissance plus qu'elle ne requiert l'obéissance. Elle se
déploie dans la durée alors que le pouvoir est d'abord lié au
partage de l'espace. Parce qu'elle assure la continuité des
générations, la transmission, la filiation, tout en rendant
compte des crises qui en déchirent le tissu, elle est une
dimension fondamentale du lien social.
Si pour nous l'autorité est encore porteuse de sens, ce n'est pas
parce qu'elle se réclame d'un monde vétuste, mais parce qu'elle
nous fait naître neufs dans un monde plus vieux que nous.
Qu'est-ce que l'autorité, sinon le pouvoir des commencements,
le pouvoir de donner à ceux qui viendront après nous la capacité
de commencer à leur tour ? Ceux qui l'exercent - mais ne
la détiennent pas - autorisent ainsi leurs successeurs à entreprendre
quelque chose de nouveau, c'est-à-dire d'imprévu.
Commencer, c'est commencer de continuer. Mais continuer,
c'est aussi continuer de commencer.
Auteur
Revault D'allones Myriam
Date de parution
1/12/2006