Né à Berlin, mort à Jérusalem, Gershom (Gerhard) Scholem (redevenu Schalom en Israël) fut une personnalité atypique et absolument inclassable : philologue, philosophe, théologien doté d'une forte sensibilité mystique, mathématicien (il avait en effet étudié les mathématiques avant de quitter l'Allemagne), historien et poète à ses heures, sa passion fut une quête éperdue mais raisonnée de l'identité juive. N'avait-il pas transformé la célèbre formule qui donnait chez lui : que rien de juif ne me soit étranger ?
Le principe qui gît au fondement des recherches de Scholem - lesquelles couvrirent plus de six décennies - était le suivant : les graves soubresauts et les multiples aléas de l'histoire juive ont développé en son sein un courant occulte, hostile à la forme officielle que revêtait le judaïsme traditionnel. En d'autres termes, les théologies développées par les kabbalistes entre les XIIe et XIXe siècles se voulaient une rupture silencieuse avec un judaïsme rabbinique menacé par le dessèchement.
L'installation en Israël et les recherches acharnées menées dans le domaine des textes kabbalistiques ont conduit le jeune Scholem à s'intéresser aux grands débats de son époque, notamment au conflit israélo-arabe et au procès d'Adolf Eichmann. Ce dernier point déclenchera une violente controverse avec Hannah Arendt.
Aujourd'hui, vingt ans après sa disparition, les œuvres de Scholem continuent de guider les nouvelles recherches et son passage dans le creuset de la critique a renforcé l'essentiel de ses thèses.
Auteur
Hayoun Maurice-ruben
Date de parution
5/6/2002