LA JUIVE AU TCHADOR

Brusquement, une question la désarçonne. «C'est vrai que tu es juive ?» Brûlure de l'injure. «Ma belle-mère m'appelle comme ça des fois, je ne sais pas pourquoi.» Sara, née en Algérie en 1980, élevée dans un milieu musulman et devenue souffre-douleur de la deuxième femme de son père, ne s'est jamais vraiment demandé pourquoi «juive» figurait au rang des insultes. Ni son père, Sid Ali, ni les jumelles et le garçon issus de ce second mariage n'ont éclairé ce particularisme dont l'accable comme d'une tare Aïcha, sa belle-mère. Zohra, sa grand-mère paternelle, la seule à lui témoigner quelque bonté, ne rompra le silence, au seuil de sa propre mort, qu'après l'assassinat de Sid Ali au cours d'un attentat terroriste ayant laissé la jeune fille désemparée. Secret dévoilé qui fera basculer la vie de Sara. Après avoir connu, dans cette Algérie de la fin du XXe siècle, toutes sortes de difficultés matérielles, pénuries d'eau, approvisionnement difficile, après avoir assisté à la montée en puissance d'une folie dévastatrice, elle poursuit à Marseille une course haletante à la recherche de sa mère. Point d'orgue aux rebondissements de sa quête, il lui restera à trouver un chemin d'équilibre entre la religiosité musulmane de son enfance et le judaïsme maternel.