URIEL DA COSTA ET MARRANES DE PORTO
Issus du baptême forcé de tous les Juifs résidant au Portugal en 1497, les "nouveaux-chrétiens" sont connus par l'historien de la pensée moderne, avan
Issus du baptême forcé de tous les Juifs résidant au Portugal en 1497, les "nouveaux-chrétiens" sont connus par l'historien de la pensée moderne, avant tout, grâce au saisissant opuscule autobiographique qu'un juriste de Porto écrivit en 1640, à Amsterdam, peu avant de se suicider. Cet homme, nommé d'abord Gabriel da Costa, éduqué dans le catholicisme portugais et exerçant même une charge ecclésiastique, devint un judaïsant secret et, fuyant sa patrie, un Juif: Uriel da Costa. Or il se révolta contre l'orthodoxie rabbinique au nom d'un judaïsme radicalement scripturaire; exclu de la synagogue, il appela l'humanité à rejeter toutes les religions et à ne suivre que les préceptes de la raison et de la nature. Le débat, déjà ancien, sur le contexte de cette célèbre rupture, a été renouvelé par I.S. Révah. Ses découvertes archivistiques révèlent la biographie portugaise de l'hérétique et la replacent dans l'histoire sociale et religieuse de son milieu. C'est le point de départ pour la reconstitution d'un vaste réseau de six parentèles néo-chrétiennes du nord-ouest portugais, dispersé à partir de l'ancien ghetto de Porto vers le Brésil, l'Italie, les Pays-Bas. En analysant leurs relations de parenté, d'alliance, de voisinage, d'amitié, d'activité économique et de croyance à travers les XVIe et XVIIe siècles, Révah discerne parmi ces "Juifs potentiels" une évolution complexe d'abandon et de récupération des traditions ancestrales. I.S. Révah lut la présente étude entre 1966 et 1972 au Collège de France, la laissant inachevée. D'après ses manuscrits, fiches et notes, Carsten L. Wilke a reconstitué et présenté ce véritable chef-d'oeuvre d'une ethnographie historique avant la lettre.