LEO STRAUSS UNE AUTRE RAISON D'AUTRES LUMIERES
S'interroger sur l'héritage des Lumières modernes, c'est prendre la mesure de la crise de la rationalité contemporaine. Le communisme, le nazisme et l
S'interroger sur l'héritage des Lumières modernes, c'est prendre la mesure de la crise de la rationalité contemporaine. Le communisme, le nazisme et les dérives de la démocratie ont déclenché la remise en cause d'un projet de civilisation lié à un idéal de maîtrise de l'homme et de la nature qui conduit à une nouvelle forme de tyrannie. Strauss pense que la crise de notre temps vient du fait que la question de la fin de l'homme a été exclue de la politique. Il procède à un examen de la modernité sur la base d'une reconstruction des Lumières qui montre où se situe la rupture entre les Anciens et les Modernes. Cet angle d'attaque explique son intérêt pour Jacobi et sa focalisation sur Spinoza et Hobbes dont les Lumières radicales reposent sur une définition de la raison et de l'homme qui est contestable. Elle souligne ce que les Modernes ont perdu dans leur combat contre la tradition. Mais la notion de Loi comme totalité religieuse, sociale et politique qui est commune aux philosophes grecs et aux auteurs juifs et arabes du Moyen Age complique la querelle entre Anciens et Modernes: pour Strauss, les Modernes sont chrétiens. Il s'agit donc de réactualiser le rationalisme classique et de penser la tension entre Jérusalem et Athènes qui est liée aux véritables Lumières. Celles-ci constituent une contribution positive à la philosophie politique, dont la propédeutique est la décomposition de la conscience religieuse et politique moderne. En analysant les présupposés qui nous empêchent d'échapper à la dialectique destructrice de la modernité, serons-nous enfin éclairés? Quel est donc le testament de ce philosophe qui croise, sur le chemin du retour à la tradition, Rosenzweig et Scholem, débat avec Schmitt et Kojève, ne suit ni Kant ni Hegel, mais souhaite dépasser le nihilisme en restant fidèle à Maïmonide?