«Le désert ne se visite pas. Il se vit. Pour les uns, il raconte des
fables de sable. Pour les autres, il est muet, silencieux, indifférent
aux états d'âme. Pour les uns, il est l'âme. Il est le retour aux
sources et source d'inspiration. Il est littérateur et poète, inventeur
de chimères, pourvoyeur de légendes. Pour les uns, le désert
est comme une seconde naissance. Il les accouche. Pour les autres,
le désert n'est qu'un vaste cimetière. Il les enterre. Pour les uns
encore, il représente la pureté, l'absolu. Pour les autres, il est
souffrance, péché, enfer. À vrai dire, le désert est un exceptionnel
révélateur du caractère humain.»
Ces quelques lignes extraites de L'Empire du silence constituent
une brillante introduction à un texte qui est tout à la fois roman
d'aventures et conte philosophique. Au travers des recherches
croisées d'un baroudeur sur le retour, Victor Barski, traducteur de
l'idiome garamante et possesseur du livre sacré de ce peuple saharien
disparu au XIe siècle, et d'une auteur très «rive gauche»,
Claire Dumas, le lecteur se laisse prendre, irrésistiblement, à un
récit sans le moindre temps mort et qu'un art consommé de l'écriture
et de la construction narrative rend captivant de bout en bout.
Quasiment picaresque par son don d'emboîter les récits les uns
dans les autres, telles des poupées gigognes littéraires, l'ouvrage
offre aussi, offre surtout, une ode à la splendeur du désert, de tous
les déserts, écrite avec le talent que l'on connaît à ce grand voyageur
qu'est Jacques Lanzmann.
Date de parution
4/7/2005