JE VEUX REVOIR MAMAN
«Il fallait du pain, il fallait des sous, il fallait manger et se protéger. Il
fallait protéger ses enfants. Il fallait courir tous les dangers. Il
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«Il fallait du pain, il fallait des sous, il fallait manger et se protéger. Il
fallait protéger ses enfants. Il fallait courir tous les dangers. Il fallait dire à
sa fille : "Va, tu ne risques rien. Va ma fille. Demande un peu plus de pain,
un peu plus de viande. Débrouille-toi." Il fallait ne pas dépenser tous ses
tickets. Cacher son étoile. Aller le soir sans étoile. Il fallait s'occuper des
gamines et du bébé. Il fallait donner les tickets du vin à certains voisins pour
qu'ils veuillent bien se taire. Il fallait regarder la rue. Il fallait prendre le
train. Il fallait prendre le bon train. Il fallait ne pas faire pleurer la petite. Il
fallait demander le bon renseignement. Regarder dans les yeux le bon flic, le
bon quidam. Il fallait envisager le repli. Il fallait envisager la famille qui
aiderait. Il fallait monter les escaliers. Déchirer les scellés. Prendre du tissu.
Descendre l'escalier sans se faire remarquer. Aller au dispensaire. Chercher
un passeur. Prendre des nouvelles. Dire il faut qu'on parte. Dire non, il faut
rester, le danger est trop grand. Dire oui très vite. Il fallait s'appuyer sur plus
faible que soi. Sur éventuellement plus fort. Sur le goy. Il fallait savoir le prix
à payer. À ne pas payer. Il fallait penser au pire. À la mort. À la vie aussi.
Surtout, il fallait survivre...»
Plus de 60 000 enfants juifs ont survécu sur les 72 000 vivant en
France au début de la Seconde Guerre mondiale. Ce livre poignant est
le témoignage de dix-neuf d'entre eux qui, arrachés à leur famille,
traverseront la guerre traqués, déchirés, mais seront sauvés grâce à la
complicité de multiples réseaux d'entraide. Cachés dans des familles,
des institutions religieuses, ballottés d'un endroit à l'autre, ils expriment
avec émotion leurs souffrances, toujours vivaces, mais racontent aussi
la part d'amour qui souvent les lie à ceux qui leur ont permis de vivre et
de donner la vie à leur tour. Jean-Claude Ross, représentant du comité
français pour le mémorial Yad Vashem à Jérusalem, dira : «Il fallait une
personne pour dénoncer une famille juive, mais une importante chaîne
de solidarité pour en sauver une seule.»
Référence
284545107
Auteur
Vincenot Alain
Editeur
Des syrtes
Pages
277 p.- pl.
Format
24 x 15 cm
Reliure
Broché
Date de parution
13/1/2005
ISBN
2845451075