Au mois de juin 1838, une jeune fille de dix-sept ans fait ses premiers pas sur la scène de la Comédie-Française, et c'est le miracle : la tragédie classique renaît de ses cendres. Rachel lui donne un nouveau souffle, une «humanité» qu'on ne lui connaissait pas. C'est d'autant plus remarquable que la jeune comédienne est presque inculte. Fille d'un colporteur juif alsacien, elle n'a rien appris du théâtre, et c'est peut-être cela qui lui confère son génie. Elle ne déclame pas, elle dit. Elle ressent et fait ressentir. De Paris à New York en passant par Londres et Saint-Pétersbourg, elle se voit consacrer comme la plus grande actrice de son temps. Chateaubriand et Victor Hugo l'admirent ; le comte Walewski lui donne un fils, dernier héritier direct de l'Empereur ; elle séduit Napoléon III, le prince Jérôme, le roi de Prusse et le tsar, entre autres conquêtes de cette infidèle dévoreuse d'hommes et dévorée de talent, qui meurt à trente-six ans au sommet de sa gloire.
Date de parution
3/7/2002